Colloque de Bordeaux
Cette année, le thème du colloque est :
"Pas d'acte II de l'autonomie sans repenser le modèle économique des universités !"
L’année écoulée a été l’occasion
d’évoquer l’acte 2 de l’autonomie , la simplification, la réforme de la recherche . Elle a aussi été
un moment d’intenses réflexions dans de nombreux établissements autour des
contrats d’objectifs, de moyens et de performance. Mais elle a également été
l’année qui a vu pour la première fois la non-compensation totale de dépenses
importantes imposées par l’Etat : point d’indice notamment. De nombreux
établissements ont constaté une exécution budgétaire 2023 en déficit
prévisionnel et beaucoup ont voté un budget 2024 en déséquilibre
face à l’inflation des couts de l’énergie et à l’absence ou le caractère
partiel des compensations accordées .
En même temps de nouvelles
politiques publiques sont apparues, ou se sont accentuées se traduisant
par la multiplication des schémas directeurs et de réformes .. tous légitimes mais dont le nombre
interroge sur la transversalité au niveau de l’Etat : schémas DDRS ,
schémas vie étudiante, réforme des SSE , etc… et par des notifications de
crédits qui multiplient à l’absurde les
micros dotations au détriment de la vision d’ensemble .
Enfin nos établissements publics
sont aujourd’hui confrontés à l’apparition d’une concurrence qui ,jusqu’à
présent restait marginale mais s’est développée très rapidement notamment avec
la réforme de l’apprentissage : la baisse des effectifs dans le public au
profit d’une hausse significative dans le privé[1]
pose des questions de fond sur le modèle français que l’on ne peut, doit pas
éviter . Il faut d’ailleurs noter que cette concurrence s’adresse tant aux
universités qu’aux écoles du secteur public avec le développement de nombreuses
formations d’ingénieurs privées ...
Face à ces évolutions la question
du modèle économique des EPSCP se pose à nouveau de manière aiguë.
Quand un investisseur parle
modèle économique à une entreprise en recherche de financement il veut savoir
un certain nombre de paramètres : quel produit, quels clients, quelles
dépenses et recettes .. et quels bénéfices dans une perspective de plus ou
moins long terme.
Quand un ministère parle modèle
économique à ses opérateurs quels qu’ils soient il s’agit de s’assurer de la
soutenabilité de leur modèle économique reposant sur leur capacité à mobiliser
efficacement toutes les ressources à leur disposition et à assumer leurs
missions en maîtrisant leurs coûts. Il faut aussi rappeler que le financement
public de l’ESR doit s’apprécier en termes d’investissement dans l’avenir
(production des compétences, des innovations et de la recherche de pointe dont
la nation a besoin, formation des citoyens) et non de coûts (un € investi dans
l’enseignement supérieur produit 4 € de retombées économiques sur un
territoire).
C’est pourquoi à partir d’une
analyse de la situation actuelle, nous nous interrogerons sur la capacité des
universités et écoles françaises à modifier leur structure de coûts, à
mobiliser les ressources à leur disposition (droits d’inscription, alternance,
financements sur appel d’offre, emprunt, mécénat…) mais aussi à la manière de
faire évoluer la répartition de la subvention pour charge de service public
(modèle critérisé, contrat …). Nous essayerons d’illustrer au travers des
différentes tables rondes qu’il n’existe pas de réponse uniforme, que les
particularités propres à chaque type d’établissement peuvent s’exprimer aussi
dans les choix de modèle qu’ils font pour garantir sur la durée, le financement
de leurs missions. Ce qui revient in fine à se demander si l’acte II de
l’autonomie des universités ne doit pas lever les obstacles limitant les choix
possibles offerts aujourd’hui aux gouvernances (capacité à contracter des
emprunts, à créer des filiales, à fixer les droits d’inscription, à pouvoir prévoir
les évolutions de la SCSP…)
L e colloque de l’ADGS qui aura
lieu à Bordeaux les 11 et 12 juillet permettra donc d’évoquer l’ensemble de ces
questions .. L’objectif est de mixer
éléments de réflexion et exemples concrets …